David DUVERNAY , le mercredi 13 novembre 2024

En avant-première pour Le Patriote, Phil Muller et Audrey Manach ont ouvert les portes du domaine Les Larmes du Soleil à Blacé. Un site historique entièrement restructuré et tourné vers l'accueil oenotouristique et événementiel.
C'est le réveil d'un domaine endormi depuis plusieurs années en Beaujolais et qui retrouve son éclat, même dans le brouillard de ce mois de novembre. À Blacé, le Clos des Orphelins, datant du XIVe siècle, l'un des rares clos du Beaujolais encore conservés, a fait peau neuve mais sous un nouveau nom : Les Larmes du Soleil.
Les habitants de la commune ou les personnes qui sont déjà passés devant le site ont dû remarquer le changement, l'œuvre de Phil Muller et Audrey Manach. Le couple a acquis il y a quelques années ce bien mis en vente durant neuf ans. Il comprend 2,5 ha, plus d'un kilomètre de murs encadrant 2 ha de terrain surveillé par trois tours en pierres, plus de 1 000 m² de bâtiments, quatre portails et cinq portes.
"Nous étions à Charbonnières-les-Bains et nous avions envie de changer d'air, introduit Phil Muller, qui a multiplié les activités professionnelles, dans les domaines du théâtre, de l'événementiel, du réceptif, du logement mobile, du mobilier et des luminaires vintage, ou encore de l'écriture. Nous avions visité une centaine de biens immobiliers. Et un vendredi après-midi, j'ai voulu prendre l'air dans le Beaujolais. Et je suis arrivé ici pour une visite. Et au bout d'une heure et 30 minutes, je ne voulais plus partir. Et lundi, quand nous sommes revenus avec Audrey, on avait bien eu le coup de foudre."

"On s'inscrit dans l'histoire du bâtiment"
Le couple rénove d'abord son logement d'habitation. Mais il nourrit un projet plus grand encore, tourné vers l'accueil oenotouristique et événementiel, avec comme principe fondamental de reconquérir les espaces inclus dans le clos et les bâtiments utilisés quelques années plus tôt, notamment pour une activité viticole.
Le cuvage bâti en 1864 par l'architecte Louis-Gaspard Dupasquier, qui a également édifié plusieurs églises dont celle de Blacé, en est le symbole. Il a été totalement restructuré, rénové et aménagé avec goût, à partir de mobilier vintage, issus des précédentes activités de Phil Muller. "On s'inscrit vraiment dans l'histoire du bâtiment, du domaine et plus globalement de l'environnement pour accueillir des manifestations familiales et pour les entreprises et organiser d'autres événements (lire ci-dessous)", explique-t-il.
Pour la rénovation de ce cuvage, les propriétaires des Larmes du Soleil ont remplacé un toit par une grande terrasse plein sud ouverte sur les vignes. Ils ont également créé de nouvelles ouvertures en pierre de taille, installé une mezzanine sur des piliers fonte de la même époque, tout en conservant son pressoir américain et en aménageant des tablées intimes au sein d’anciens foudres.
Huit domaines mis en avant
Et le vin dans tout cela ? Pour l'espace animation et dégustation, Les Larmes du Soleil mettra en valeur lors de ses événements les cuvées de huit domaines bio, biodynamie ou nature, retenus pour la qualité de leurs vins et leur proximité (Blacé, Saint-Étienne-des-Oullières, Saint-Julien, Salles-Arbuissonnas, etc.), accessibles à pied ou à vélo depuis le clos.
"Tous les vignerons n'ont pas un espace de dégustation ou d'accueil sur leur domaine. Ce cuvage peut aussi être un espace mutualisé, pour recevoir un client par exemple. Les instances viticoles seront heureuses aussi de trouver un ancrage local ici", lance Phil Muller. Les Larmes du Soleil aura également trois cuvées dédiées : un vin gris conçu à partir des cépages gamay, chardonnay et pinot pour l'apéritif, un crémant, un pétillant de gamay rosé.
Le couple avait pour réflexion initiale de replanter de la vigne, notamment du blanc. Mais il a finalement souhaité se libérer de la vigne et de ses contraintes, "tout en libérant la vigne de son obligation de production et de servitude. Le Beaujolais est couvert de vigne, mais personne ne mange son raisin. Nous avons replanté du raisin de table, avec différentes variétés résistantes aux maladies (livia, clinton, etc.) et qui ne nécessiteront pas l'emploi de produits phytosanitaires."
Dans le clos, qui accueillera également des événements de plein air avec notamment une pergola de 250 m², ces vignes partageront l'espace avec un verger, des haies et plusieurs centaines d'arbres et arbustes, mais aussi une pléiade d'animaux (oies, moutons, etc.) pour favoriser la biodiversité du site. Celui-ci sera à découvrir mardi 12 novembre, avant le grand lancement au printemps 2025.

Des événements réguliers et un lieu d'hébergement
De mars à novembre, Phil Muller, Audrey Manach et leur équipe vont proposer des événements tout public, programmés de façon bi-hebdomadaire. Les mercredis, pour les enfants, un gouter- théâtre de Gnafron. Les jeudis, une séance cinéma et gastronomie sur la mezzanine. Les vendredis, un afterwork. Les samedis, une dégustation commentée par un sommelier-oenologue. Et les dimanches, un brunch, grand public ou privatisé. "On veut aussi se positionner sur les brunchs de mariage car on s'est rendu compte que l'off re était inexistante dans le Beaujolais", insiste bien Phil Muller. Les Larmes du Soleil s'impliquera également dans des événements ponctuels, en lien avec la Beaujonomie en juin, le Fascinant Week-end Vignobles et découvertes en octobre ou Rosé nuits d'été. "Nous créerons nos propres événements. On lancera notamment le festival mondial de l'étiquette, à travers un concours à trois niveaux. Car je me suis toujours posé la question de l'influence d'une étiquette sur l'appréciation d'un vin." Les Larmes du Soleil, ce sera aussi des hébergements qui seront accessibles à partir du printemps 2025. Pour cette prestation hôtelière, les propriétaires ont créé quatre gîtes contemporains, à la décoration très originale, et toujours en lien avec le développement durable : isolation renforcée, pompes à chaleur, production d'électricité solaire. "On a totalement rénové les bâtiments annexes, notamment le logement du régisseur ou encore la porcherie", explique Phil Muller qui veut privilégier les accueils collectifs. Il a notamment conçu des espaces communs pour favoriser les moments de partage (barbecue, four à pain, etc.). "On ne fera pas tables d'hôte mais nous proposerons des paniers repas à cuisiner, à partir des produits de notre verger et potager, et avec des produits locaux."
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